Manifeste pour un récit coopératif

2/01/2024 - Et si le récit coopératif était un levier de transition ?

Nous avons besoin de nouveaux récits. Cette phrase, jusqu'alors inaudible dans le débat public a pris une place prépondérante ces derniers mois sous l'impulsion de têtes d'affiche du mouvement pour la transition : Camille Etienne, Aurélien Barraud, Timothé Parique, Salomé Saqué... Toutes et tous œuvrent, dans leurs couloirs, pour proposer de nouveaux narratifs. Parmi ces récits nouveaux à écrire ensemble, il en est un qui passe encore sous silence ; le récit coopératif.

D'ailleurs, la coopération et la narration ne sont-elles pas les deux mamelles de notre évolution ? C'est en tout cas l'hypothèse que défend l’historien Yuval Noah Harari dans "Sapiens. Une brève histoire de l’humanité" (Albin Michel, 2015), en démontrant qu’Homo sapiens est devenu l’espèce dominante sur la planète grâce à sa propension à coopérer, mais aussi grâce à sa capacité à élaborer des récits.

Le récit coopératif est à la croisée de ces deux forces qui ont permis à Homo Sapiens de prospérer. Et c'est peu dire que nous aurons besoin de coopérer pour passer la vague et voguer sur un océan apaisé, tant sur le plan des rafales sociales que des bourrasques climatiques. Allons même plus loin : pas de transition sans coopération. C'est ce qu'affirment bon nombre de penseurs, chercheurs et personnalités publiques pour qui la transition globale de notre modèle de société ne peut se faire sans une dose intense de coopération entre les peuples, les institutions et les personnes ; à toute échelle.

Dans cette course à l'armement coopératif sur le point de débuter, il est des entreprises qui sont déjà équipées pour proposer et diffuser un récit coopératif engageant et structuré. Ce sont les sociétés coopératives (SCOP et SCIC).

Les vertus du récit coopératif

Le récit coopératif a de multiples vertus :

  • il montre que la démocratie vit au sein des SCOP et des SCIC

  • il attire et renforce l'attachement des salarié·es et des clients d'entreprises coopératives

  • il propose un contre discours au récit individualiste qui pèse sur la société

Le récit coopératif comme témoin de démocratie

Les entreprises coopératives (SCOP et SCIC) sont des oasis de démocratie. La place y est donnée, en priorité, à celles et ceux qui font l'entreprise : ses salariés, ses clients, ses parties prenantes.

Documenter la vie coopérative, c'est donner une preuve que la démocratie est un outil du vivre-ensemble et que, dans une structure démocratique, chaque voix compte. En cela, le récit coopératif offre une fenêtre d'optimisme à transposer au récit politique. On dit que les coopératives sont l'école de la démocratie, faisons du récit coopératif son manuel d'utilisation.

Le récit coopératif comme vecteur d'attachement

Une entreprise, coopérative ou non, ne vit que parce qu'elle est capable de susciter un attachement à ce qu'elle propose, mais aussi à ce qu'elle est, à ce qu'elle défend. Sans attachement, Apple n'est jamais plus qu'un fabricant d'électronique parmi d'autres et Patagonia, une énième marque de mode. Oui, mais voilà, si Apple est Apple et Patagonia Patagonia, c'est parce qu'elles ont su susciter de l'attachement. La première en s'affirmant comme pionnière technologique, la seconde en portant haut et fort ses engagements éthiques.

Le récit coopératif, en proposant un contre discours à l'individualisme (nous y reviendrons) peut être vecteur d'attachement pour les entreprises coopératives auprès de leurs parties prenantes :

  • il fait des salarié·es les protagonistes de l'histoire de l'entreprise

  • il humanise l'entreprise, créant ainsi un lien avec les client·es qui s'identifient et s'engagent plus facilement au côté de la coopérative et de son projet

  • il ancre l'entreprise sur son territoire, favorisant l'adhésion des parties prenantes locales (partenaires, population, politiques...)

Le récit coopératif comme antidote à l'individualisme

À l'heure du repli sur soi, où règne la sacrosainte soirée Netflix x Uber Eat, le récit coopératif propose un contre discours puissant. Une narration dans laquelle le collectif, les relations et le débat tiennent une place centrale. En s'appuyant sur des archétypes du schéma narratif (le héros, le guide, la communauté, la quête, des elfes et des nains main dans la main) et en les calquant au réel de la vie des coopératives, le récit coopératif est en mesure de créer un nouvel imaginaire puissant et porteur d'espoir. Le collectif, en soi, est porteur d'une histoire, d'une direction, vit des péripéties et poursuit une quête. En cela, le récit coopératif peut rejoindre les aspirations individuelles (la profusion et la diversité des récits fictionnels prouvent une attente du public pour des histoires qui embarquent).

En ce sens, parce qu'il se fait le portevoix d'un parcours collectif, le récit coopératif constitue un antidote à l'individualisme et un remède à l'écoanxiété. Effectivement, ne dit-on pas que le meilleur moyen de vaincre son (éco) anxiété est de rejoindre un collectif ? Le récit coopératif en montre le chemin.

Le récit coopératif en actions

Bien. Le récit coopératif est plein de vertus. Okay. Une fois qu'on a dit ça, comment mettre en place et déployer son récit coopératif ?

Sur ce point, penchons-nous sur les éléments de base du récit. "Un récit (ou intrigue) est une forme littéraire consistant en la mise dans un ordre arbitraire et spécifique des faits d’une histoire" nous dit Wikipedia. En d'autres termes, un récit repose sur une structure (une "mise dans un ordre arbitraire et spécifique") et des actions (les faits) vécues ou éprouvées par des personnages. Structure, personnages, actions. Voici les 3 ingrédients de notre récit à la sauce coopérative.

Comment faire prendre la sauce justement ? Voilà matière à un prochain article.

A suivre donc...

Auteur

  • Aurélien Vialette

    Cogérant • stratégie, conseil et formation

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